Le billet de Raymond - Albaricate


La réconfortante prestation d’une riche soirée de contrastes : Albaricate

     Il est grand et robuste comme un pilier de rugby.
     Elle est menue et fragile comme une poupée de porcelaine.
     Il porte fièrement une barbe noire et drue qui lui mange joues et bas du visage.
     Elle a la peau de lait du bébé à peine sorti de son enfance.
     Sombre de la tête aux pieds, il a la profondeur d’un puits de vérité.

     Robe rouge moulant son corps sur deux jambes finement dessinées et deux bras et mains à la délicatesse élégante, elle respire la joie enfantine de vivre.


     Le regard profond, il chante et joue avec dextérité de la guitare, du ukulélé, de l’harmonica en s’accompagnant d’une batterie parallélépipédique actionnée du talon ravissant l’écoute attentive de l’auditoire.
     Elle, comme montée sur pile, s’agite et joue des signes qui la relient aux autres avec la fraicheur de son talent, ravie d’éclore sous sa chevelure rousse où trône, telle une broche, un papillon bleu.
     Mais tous deux sur scène, en plein contraste, ne forment qu’un seul être tendu vers son désir : révéler aux autres le bonheur d’aimer et de partager cet amour. Une pointe d’humour, un clin d’œil juvénile, une complicité offerte avec des textes à classer dans les plus beaux de la langue française. Un cœur qui s’émeut devant la cruauté imbécile de certains, devant la violence à l’état pur, comme cette chanson offerte au « Marchand de sable », écrite dans les secondes qui ont suivi la tragédie de Charlie, ou cette autre contant l’histoire du poète timide qui classait ses œuvres, que seul il connaissait, dans des bocaux de verre rangés au fond de sa cave. Ces chansons, tout comme celle de l’introduction dédiée à son chien parti dormir au paradis des croquettes, valaient la découverte et l’écoute.
     Vendredi soir 24 novembre, les spectateurs du P’tit bar venus nombreux l’ont d’ailleurs bien compris. Ils ont applaudi copieusement SAM et CLEMENCE, ce jeune duo rennais qui leur a offert ce nectar, et remercié les pionniers du P’tit bar Patrick, Simon, Mehdi et leurs amis d’avoir découvert une fois encore ce si beau spectacle en dénichant cette frêle sentinelle dans notre désert moral et l’importance de son envergure d’oiseau marin.
     Personne n’a regretté ce vendredi de ne pas avoir fait l’économie de ce bout de Chants d’Elles

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