Le billet de Raymond - UMA NUBA

Poésie, chant et danse,
Uma Nuba, puissance trois

au P’tit Bar

     Vendredi soir, 13 novembre, dans le cadre du Festival Chants d’Elles, le P’tit Bar de Saint-Ouen-d’Attez accueillait un duo mixte particulièrement remarquable : Uma Nuba.

     En scène, deux artistes : Sophie Charbit, ambassadrice de la poésie, du chant et de la danse et, à un double clavier, son acolyte Jean-Baptiste Ferré. Tout de suite habité par le rythme habile d’une musique qui ne tarde pas à vous imbiber et à vous captiver pour vous faire découvrir le monde et la vie qu’il génère, le duo invite la salle à le suivre sur un chemin de rêve. Cela débute comme un conte. Celui d’un fleuve qui ne tarde pas à s’identifier à un nuage poussé par le vent. Tiré d’une poésie persane, le texte épouse les volutes de la voix agile de la chanteuse, et le pianiste souligne avec dextérité et douceur l’évolution du chant mélodieusement proposé. Le spectacle se poursuit avec le défilé d’images fugaces où le charme, tout en retenue, caresse l’attention d’un public glissant de la surprise à l’adhésion.
      Et le voyage à l’instar de la rivière poursuit sa route, et Sophie Charbit de sa gestuelle éloquente se joue du temps pour n’imposer qu’un moment de vie et de partage. La magie de l’instant suspendu au-dessus d’un berceau s’évade en musique vers un horizon où rêve déjà l’enfant qui ne cesse d’espérer en la vie qu’on vient de lui offrir.
      D’étranges mélopées en cavalcades provoquées par les images sonores d’un cavalier Janus présentant le double visage du prince attendu et du seigneur et maître, le chant s’orientalise, rejoint les transes physiques des chamanes ou des derviches tourneurs, après s’être attardé dans les vastes plaines de Mongolie ou les nuits chaudes de l’Andalousie.
      La salle, séduite et conquise après cette étrange découverte partie de rien et qui ne demande qu’à se renouveler à l’ image de la vie célébrée avec talent, a récompensé les artistes par des salves d’applaudissements avant d’apprendre dans le noir de la nuit l’effroyable carnage qui endeuillait Paris et la France. Une France frappée en plein cœur  par un groupe hypocrite qui, au nom d’une foi dont il s’affuble, ne répand que sa cruauté ignorante et ténébreuse.

Raymond Ménard 

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