Quand le Jazz est là
avec le Trio Christian Sauvage
Trois visages portant lunettes en tryptique. Trois musiciens
vivant leur partition en caressant les notes comme pour peaufiner et feutrer
leur éclat. Samedi, le P’tit Bar de Saint-Ouen - d’Attez accueillait, pour une
soirée jazz exceptionnelle, le Trio Christian Sauvage.
Pianiste talentueux,
le maître de cette formation retrouvait, avec une émotion non dissimulée, ce
coin normand d’accueil chaleureux, dont il avait assisté à la naissance il y a
douze ans.
Samedi, occupant la
scène, côté cour et côté jardin, se faisant face, les deux Christian
s’affrontaient avec harmonie. Le premier, installé à la batterie qu’il se gardera de mettre en
danger, le second, emporté par le tourbillon de notes sorti de ses mains
expertes courant sur le clavier d’ivoire et d’ébène, éclaboussaient la salle de
leur frénésie mélodieuse. François Perrin, au centre, le crâne pleine peau et
brillant, arbitrait ce duel savoureux, de sa contrebasse à la fois calme et
grondante.
Tels deux cavaliers lancés à la poursuite de leurs montures,
le pianiste Christian Sauvage et le batteur Christian Lété, cheveux poivre et
sel, peignés tous les deux à l’indiscipline, partageaient leur joie avec le
public attentif et réceptif à ce jazz moderne.
Compositions personnelles ou morceaux signés Bill Evans,
Duke Ellington, Ralph Towner, voire Chick Coréa ou Nelson Forié, le public,
même s’il n’était pas aussi nombreux que de coutume en raison de la
multiplication des spectacles ce soir-là dans la zone euroise, savoura ce
rendez-vous qui permit de saluer l’apparition, participative et exceptionnelle
dans ce Trio, de Manu Rami, le complice de Patrick Brault pour ce lieu dont ils
sont tous deux les créateurs.
Un lieu régulièrement apprécié par un auditoire fidèle et
venant d’un secteur rural où l’on sait reconnaître les efforts fournis et le
courage d’une poignée de bénévoles qui n’hésitent jamais à prendre sur leur
temps pour animer culturellement une région rurale trop souvent délaissée.