Au P’tit Bar
Toulon - Toulis
Ambassadeurs d’une joyeuse Saint-Valentin
Ambassadeurs d’une joyeuse Saint-Valentin
Eric Toulis en « Pauvre trompettiste » |
Chacun armé d’un mot écrit en vert espoir sur un carré de
papier blanc, « Amour » pour l’un, « Humain » pour l’autre, Patrick et Manu,
les deux complices du P’tit bar de Saint-Ouen-d’Attez, ont tranché ces mots
pour ne garder chacun que deux syllabes de trois lettres et les réunir pour
former le mot « Humour » et donner ainsi le coup d’envoi à la soirée de samedi.
Aussitôt, Rémi Toulon et Eric Toulis, autre duo de choix,
entrèrent en scène, piano et guitare battant, pour propulser cette soirée
dédiée à la Saint-Valentin. En hors-d’œuvre, une chanson, joliment écrite à
rendre jaloux de grands auteurs tels Boris Vian, Raymond Queneau, Jean-loup
Dabadie ou encore Léo Ferré, conta les amours malheureuses d’une Tour Eiffel
rêvant de s’envoyer les quatre fers en l’air et d’un Trocadéro dépassé. Et le
rêve de la grande dame s’égare avec les autres monuments parisiens, aventures
que l’on savoure sans retenue.
Chaque objet qui arrive sur scène est détourné de son
véritable usage mais il est aussitôt
repeint dans un bain d’humour. Les tenues elles-mêmes font, et c’est
normal, leurs effets. Costume lie-de-vin, chapeau feutre, chaussures de velours
miel, Eric Toulis tombe la veste pour mieux révéler l’autre face de son dos
généreux. Toulon, mince, fragile dans son petit gilet vert et sa chemise
colorée, compense son handicap de poids par une dextérité révélatrice de sa
discipline de base, le jazz.
Cà swingue, çà chaloupe, ça créolise. Le public rit,
s’esclaffe et s’éclate. Il apprécie le jazz revu et corrigé à la trompette, la
truite de Schubert attirée par le violon, le folklore breton tracé à l’ouest
d’une ligne partie de Tizi Ouzou et qui se perd au pays bigouden pour un garçon
possédant le chromosome du pays d’Armor, et où une colonie de tantes adorant
Robert Dhéry n’hésite pas à faire taire les mouettes.
La chanson romantique de la bicyclette bleue de l’enfance
que ne tarde pas à rejoindre Yves Montand, dérapant quelque peu, finit par
rejoindre la plage tentante interdite aux poètes ou le Papa club de France
plein de constats réfléchis et réalistes.
On adore, on savoure. Leur prestation est un régal. Au point
même que, pour un peu, on n’hésiterait pas à croquer ces deux tout long et lis
à la fois. Voilà, c’est fait.