Le Billet de Raymond - Adélys

Au P’tit Bar, samedi 


          Ouvrant le festival de l’Iton sur scène, samedi soir au P’tit Bar de Saint-Ouen d’Attez, Manu Rami donna lecture d’un très beau texte de son complice Patrick Brault. Choqué, comme beaucoup d’autres, par le terrible carnage de Charlie Hebdo, le maire de la commune n’avait pu se taire devant cet acte sauvage sans exprimer son écoeurement, puisant le remède à son immense chagrin dans l’humour et l’amour. Cette page, qui aurait mérité un support visuel, fut applaudie par la salle unanime.


L’univers onirique d’Adélys



          Silhouette d’adolescente tout juste dépassée, jupette bleue uniforme de collégienne, collants noirs et sweat hésitant entre le vert métallique de l’espoir et le bleu d’une mer sans écume, Adélys, de son vrai nom Adélaïde Prud’homme, a poussé les portes de son univers onirique dès sa première chanson. Sur le chemin tracé par deux musiciens talentueux, Justin Millot à la guitare, et Antoine Abed au violoncelle, la jeune Ebroïcienne imposa d’entrée, et avec une belle autorité, ses images et ses mots, son monde personnel. Révélant une ambiance sonore qui surprend, interroge, séduit, elle ne tarda pas à dévoiler un rêve vaporeux où la petite fille assoiffée de découvertes côtoie la fée généreuse. Mélangeant onomatopées, soupirs, bruitages, elle joue de sa voix de musicienne, vocalise, se transforme en insecte, papillon tout juste éclos de sa chrysalide, et rejoint le sel de la mer qui sert de lien entre les auditeurs se laissant guider vers ce rêve que Justin Millot souligne de ses sons métalliques produits jusqu’à l’excentricité.




Dozado, un duo qui sait faire face



          Un garçon au piano, une fille à la voix déjà affirmée. Le duo Dozado, dont le nom s’est imposé à la suite de la parution d’une photo banale du couple, a ouvert la soirée de samedi en s’embarquant sur   « la route des vacances et son ruban gris de l’asphalte », œuvre signée par Gaël Rocca et son père.
          D’entrée, cette chanson campe le décor et entraîne le spectateur vers le monde de la vie et ses aléas quotidiens saturés de nostalgie.
          Rythme musical soutenu par ce professeur qui possède déjà une expérience depuis près de huit ans dans ce domaine, Gaël accompagne Emilie Claudon, sa partenaire à la jolie voix mélodieuse.
          Après une pause maternelle de trois ans qui lui a permis de donner vie à Marius, celle-ci revient à la scène, et le fait avec brio, s’appuyant sur un registre de chansons françaises tout en démontrant ses possibilités de vagabonder dans le domaine aux influences anglo-saxonnes et de flirter avec le jazz, prouvant sa gourmandise de musiques et de textes originaux.
          En résumé, une excellente soirée où la part belle fut faite aux femmes, quand le P¨tit Bar joue son rôle de lieu de découverte de talents affirmés et prometteurs.