Au
P’tit Bar,
Mam’zelle
Lily : l’antidote par quatre de la crise
Silhouette longiligne dans un fourreau de laine noire
pailleté de poussières de lumière scintillant à chacun de ses mouvements, Lily
Harvest a imposé sa présence, les soirs derniers de vendredi et samedi, au
P’tit Bar de Saint Ouen d’Attez, dans le cadre du Festival « Chants d’Elle ».
Cette fille de l’Ouest née dans la banlieue sud de Nantes,
nourrie à la ruralité bretonne, semble avoir grandi trop vite pour rattraper le
monde des adultes. Elle a absorbé les doutes et les tourments des grands pour
mûrir plus rapidement. Mais elle a conservé de ces désirs exigeants une énergie
folle et communicative qu’elle sait partager avec ses trois compères de scène,
trois musiciens à la dextérité accomplie, venus, eux aussi, de
Loire-Atlantique.
Prenant possession de l’étroite scène, à peine présentée
avec l’humour sympathique de Patrick et Manu, tous deux appartenant au
collectif de programmation de Chants d’Elles, elle a aussitôt apprivoisé le
public, avec le naturel d’un dompteur expérimenté, puisant dans son vécu des
remarques où l’esprit et le sourire le disputent.
Et
puis Mam’zelle Lily chante. Lily chante et joue de la guitare. Et le charme
s’opère. Elle met en valeur sa voix mais aussi sa chevelure de cuivre qui
descend en cascades à l’assaut de son cou. Très rapidement le public se laisse
envoûter par cette fille au grand cœur qui sait picorer, dans l’expérience de
ceux qui l’ont précédée, ces accents de folk, de rock, qu’ils soient imbibés de
profondeurs ibériques ou balkaniques. Ces chansons portent en elles les
fragrances de l’optimisme et de la confiance.
Cette jeune maman d’un garçon de six ans, Eliot, est à elle
seule, un antidote contre la crise.
Depuis dix ans, elle chante, et c’est de ses périodes de doute et de tourments
qu’elle tire son optimisme. Au point de dédicacer à tous les élus, présidents
ou députés, ce modeste constat chanté : « Je ne veux plus travailler », tout en
rappelant à ses musiciens : Marc Pouplin, Emmanuel Birault et Jonathan Joly qu’
il vaut mieux une petite salle comble qu’une grande salle vide.